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Les Francs Jeux

Stembert, à cause de son isolement vis-à-vis des localités voisines, a connu très rapidement une vie de village intense et active. La fête des « Francs Jeux » serait apparue vers 1650 et elle aurait été abandonnée en 1780. Cette festivité était donnée dans le seul but d’obtenir des fonds pour l’ornementation de l’église et pour la nécessité du culte. 

Des jeunes gens se réunissaient et demandaient l’autorisation du souverain officiel de Franchimont. Celle-ci accordée, il fallait recueillir des fonds pour louer une maison, acheter du genièvre et pour se procurer des pintes, des verres et des rubans. Il fallait également engager des musiciens (surnommés les « violoneux ») de bonne qualité afin d’attirer le public. 

La veille de la fête, il fallait élire dans l’assemblée trois Boursiers : le grand Boursier, le second Boursier et le Boursier de la Cave, responsable de la vente et de la gestion des boissons. 

Chacun des participants avait un ruban de teinte différente. Ensuite, on lisait le règlement des Jeux et tous juraient de le respecter. La foule se rendait alors auprès des diverses autorités religieuses et communales pour y jouer une sérénade. 

Le dimanche matin, les Boursiers réunissaient le cortège qui se rendait en premier lieu à la messe. On y donnait des rubans à la Vierge, à Saint Nicolas et à Sainte Barbe. Le cortège sortait de l’église, se rendait chez le curé, le marguillier et le bourgmestre pour accrocher des rubans au-dessus de leur porte d’entrée. Ensuite, les Boursiers se dirigeaient vers le passage de la Franchise. Les deux Boursiers se tenaient par la main et, avec leurs épées tendues à l’autre main, délimitaient la largeur de la haie à abattre à la hache. Ils avançaient et reculaient trois fois, en criant au son d’un menuet joué par les violoneux. Ils traversaient ainsi plusieurs propriétés privées pour arriver au poirier, le centre de la réunion, l’endroit de danse. Au moment du repas de midi, les Boursiers, accompagnés d’un porteur de ruban, faisaient le tour d’un quartier pour recueillir des oboles. Le soir, on dansait toujours des quadrilles et bourrées au local des Francs Jeux. 

Cette fête s’étalait sur au moins trois jours et peut-être même plus. 

Ce qui est sûr, c’est que pour chacune des éditions, le cortège suivait un même chemin. Il nous est cependant impossible de le retracer, les époques ayant transformé le paysage. Toutefois, Fassin nous indique « l’itinéraire tel qu’il serait aujourd’hui », soit au moment où il écrivait son livre, aux alentours de 1890 : « Départ maison Demarteau (au pusse) – Jardins Vosse, Hissel, Lemarchand, Caro-Naveau, chemin dit le passage, jardins Jean Dechesne, Lince, Wilkin, Jaminet, Minguet, Fassotte et Schafs où était le poirier des Jeux ».Une anecdote existe à ce sujet : Il fut décidé de construire une annexe à une bâtisse et cette annexe tombait sur le chemin qu’empruntait le cortège, ce qui entraîna quelques éclats de voix. 

Ce qui est bien moins sûr, c’est de savoir si oui ou non, ces Francs-Jeux étaient périodiques. D’une part, il nous est signalé qu’ils avaient lieu tous les sept ans et d’autre part, on nous renseigne sur le fait que ces quelques jours de réjouissances se déroulaient entre famines, mauvaises récoltes ou guerres… Il est fort probable qu’au début, ils avaient lieu un peu n’importe quand et que ce n’est que par la suite qu’ils devinrent périodiques. 

Après plus de deux cents ans d’interruption, l’Unité Scoute de Stembert décida de faire revivre au village ces fameuses joutes. Ce furent les 25 et 26 octobre 1986 qu’eut lieu la première édition des Francs Jeux modernes. Le passé stembertois ressuscitait et la fête battait son plein avec diverses activités comme les jeux pour enfants, danses folkloriques, cave à vins, apéritif aux bières spéciales, grande pêche au Grand-Vivier, et pour terminer, le cortège emmenant le coucou vers les eaux glauques de notre étang. Une première très réussie et très appréciée par la population. 

L’idée au départ était de renouer avec les traditions mais très rapidement, les responsables se sont rendus compte que le projet demandait une très grosse organisation. Trop importante pour l’unité scoute qui ne pouvait se permettre de passer tous les week-ends à la préparation d’une telle activité. Donc, un choix s’imposait : soit abandonner l’idée après l’édition de 1986, soit fonder une asbl indépendante de tout mouvement qui n’aurait qu’un seul objectif : la préparation. 

Ce fut pour la seconde édition, en 1988, qu’un comité des Francs Jeux de Stembert se créa. Il était principalement constitué de l’équipe organisatrice de 1986 ainsi que de quelques bonnes âmes. 

La troisième édition, celle de 1990, remporta également un énorme succès. 

Pour la quatrième fois, les Francs Jeux se déroulèrent les 23, 24 et 25 octobre 1992. Une nouveauté au programme:  une battue aux lampions dans les rues du village.

Les 14, 15 et 16 octobre 1994 eurent lieu les cinquièmes et derniers Francs Jeux. Là aussi, une nouveauté : un concours de la façade la plus fleurie ainsi que, dès le début de l’année, un souper « asbl » qui réunissait les membres des diverses associations stembertoises. 

Le projet devenu trop onéreux au fil des ans et le manque d’effectifs ont eu raison de cette grande et formidable initiative. Jusqu’en 1997, il nous resta encore le concours de la plus belle façade fleurie, toujours organisé par le comité des Francs Jeux de Stembert. 

Ce ne fut qu’en l’an 2000 que l’organisation des Francs Jeux de Stembert reprit pour quatre éditions (2000, 2002, 2005 et 2008) avec pour fil conducteur « lu leûp di Stimbiet » agrémenté d’une large diversité d’activités ouvertes au grand public qui, malgré quelques journées froides ou pluvieuses, répondit en masse. L’asbl des « Francs Jeux 2000 » mena à bien ces éditions mais là encore, la charge de travail que demande ces Francs Jeux est devenue trop lourde à porter.

 

 

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