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La deuxième guerre mondiale

Une certaine prospérité battait son plein, la première guerre et la crise boursière de 1929 semblait n'être plus que des mauvais souvenirs. Et pourtant...

 

La seconde guerre mondiale : 1940-1945

Dès 1938, une nouvelle tension se créa au niveau international lorsqu’un certain Hitler, qui prônait des idées de rassemblement des peuples pan germaniques, envahit l’Autriche et la Tchécoslovaquie.

Stembert compta un premier contingent de rappelés. Ceux-ci furent encore plus nombreux lorsque les hordes hitlériennes pénétrèrent en Pologne le 1er septembre 1939, entraînant par ce fait, la déclaration de guerre de la France et de l’Angleterre vis-à-vis de l’Allemagne. Tous les miliciens furent maintenus sous les armes et tous les jeunes âgés entre 20 et 30 ans furent mobilisés.

En cas de conflit, la région verviétoise risquait bien de tomber sous le feu des forts de Battice et de Tancrémont. La « Drôle de guerre » débutait et les souvenirs de la première guerre mondiale resurgirent très vite, suscitant une grande inquiétude parmi la population qui craignait à l’époque l’utilisation de certains gaz nocifs dans la fabrication des bombes. Certains habitants étançonnèrent leurs caves tandis que d’autres préférèrent immigrer vers des régions plus sûres dans les environs de Mouscron et Tournai.

Arriva le 10 mai 1940. Dès l’aube, les premiers blindés de la Wehrmacht franchirent la frontière pendant que les Stukas piquaient sur nos forts dans des hurlements affolants. Les premiers meurtris furent les habitants des Surdents qui connurent la destruction du pont de Bellevaux et du tunnel ainsi que d’une demi-douzaine d’habitations. Cela entraîna une forte panique à Stembert. La population se mit sur les routes de l’exil, emportant avec elle le strict minimum. Il fallait fuir à tout prix car les atrocités de 1918 étaient toujours gravées dans les mémoires. Certaines familles se retrouvèrent en France après bien des tribulations. Mais pour la grande majorité, ils n’allèrent pas plus loin que Liège où ils devaient se rendre à l’évidence et faire demi-tour pour regagner, tant bien que mal, leur foyer et notre région.

Si beaucoup de Stembertois avaient opté pour la fuite, il en resta qui firent face aux impératifs de l’heure et qui essayèrent de s’organiser comme ils le pouvaient. Naturellement, lorsque les habitants partis en exil revinrent dans le village, les Allemands y étaient déjà installés et la vie se réorganisait peu à peu. Malgré quelques obus venus du fort de Tancrémont, notre village avait été épargné par cette terrible « campagne des 18 jours ». Toutefois il y avait eu des dégâts et des victimes. De plus, de nombreux Stembertois avaient rallié le fort de Battice, et après la capitulation du fort, beaucoup se retrouvèrent derrière les barbelés des stalags, et ce, jusque dans la lointaine Sibérie. On peut se demander pourquoi notre région fut-elle « épargnée » durant ces premières semaines de guerre. C’est sans doute parce que Verviers était un grand centre industriel lainier. En effet, les Allemands évitaient, du mieux qu’ils pouvaient, la destruction du potentiel économique des pays envahis afin de pouvoir se servir par après du matériel technique déjà sur place.

Les hommes valides entre 16 et 45 ans qui n’avaient pas encore fait l’objet d’un rappel militaire furent convoqués et durent rejoindre la ville de Binche où, après quelques jours d’attente, ils gagnèrent le Nord de la France dans le but d’être incorporés dans l’armée. Mais là-bas, c’était la désorganisation la plus complète. Personne ne savait réellement ce qu’il fallait faire et aucune stratégie n’avait été élaborée. Certains tentèrent de poursuivre leur route vers le sud, mais un grand nombre préférèrent regagner leur foyer. Une petite anecdote raconte qu'un groupe de onze Stembertois avait dû traverser toute la Belgique pour atteindre le Nord de la France. En voyant la situation là-bas, ils revinrent à Stembert en échappant tous aux Allemands.

A l’entrée de l’hiver, la vie se réorganisait sous la tutelle germanique qui entendait bien que chaque habitant contribue à sa terrible machine de guerre.

Dès 1941, le bourgmestre Lambert Damseaux fut récusé officiellement par les Allemands en raison de son âge mais surtout par le rappel de ses activités patriotiques durant la première guerre. Il parvint cependant à obtenir que ce soit Joseph Briamont, son premier échevin et membre du parti catholique lui aussi, qui remplisse les fonctions de bourgmestre. Celui-ci n’accepta d’être titularisé bourgmestre que le 21 octobre 1941 sous la pression des autorités belges d’occupation, et ce, pour éviter qu’il y ait une nomination étrangère qui aurait pu favoriser le régime nazi dans notre commune. Six mois avant sa nomination, soit en avril 1941, Joseph Briamont était entré dans le mouvement de l’Armée Secrète. Pendant 4 ans, il dirigea sa commune avec beaucoup de doigté dans un contexte particulièrement difficile.

Evidemment, à la pénurie alimentaire et de matière première qui sévissait, s’ajoutèrent les difficultés des transports dues au manque d’essence. Chacun y allait donc de son petit truc pour faire avancer son véhicule à moteur. Et comme pendant toute guerre, le marché noir reprit ses droits, malgré la mise en place de contrôleurs chargés de réprimer cette pratique illégale et peu morale. La situation était moins catastrophique dans une région comme Stembert où chaque maison disposait pratiquement d’un terrain où l’on cultivait, autant que l’on pouvait, ce qui était nécessaire. En plus, certains fermiers aidaient la population, tel celui qui, lorsqu’il fauchait son blé et le ramassait, laissait toujours des grains éparpillés sur son terrain avant de prévenir quelques connaissances qui se retrouvaient le lendemain pour ramasser les semences non recueillies. Cela ne veut pas dire que la vie était plus facile car à Stembert aussi, tout manquait.

Comme les Allemands avaient annexé les Cantons de l’Est (donnés à la Belgique en 1919 lors du Traité de Versailles), Stembert se retrouva à nouveau à proximité de la frontière et notre village constitua une nouvelle fois un relais important et idéal pour les évadés des camps allemands ainsi que pour les soldats des armées alliées. Stembert était pour eux la première étape amie lorsqu’ils revenaient du « Reich ».

Comme partout ailleurs dans les zones occupées, la résistance s’organisait petit à petit dans notre région. Elle se pratiquait quelquefois sous des formes plus symboliques. Bien naturellement, les fêtes patriotiques telle la Fête Nationale ou l’Armistice étaient interdites. Chacune des dates était dès lors l’occasion de messes solennelles célébrées en notre église. Il fallait alors discerner dans l’homélie faite par le curé Wicken, un message d’espoir dissimulé sous d’innocentes paroles. De même, à la fin de ces offices, l'organiste Auguste Henrotte jouait une fantaisie musicale qui avait pour fond la Brabançonne. Et cela, malgré la présence de collaborateurs, heureusement peu nombreux à Stembert, ainsi que de soldats et d’officiers allemands.

L’année 1942 fut marquée par les premiers mais toujours rares, légers revers de l’armée allemande. Parallèlement, c’est dans le courant de cette même année que la répression pratiquée par l’occupant se fit plus vive. A la suite de l’instigation du Service de Travail Obligatoire, de nombreux jeunes furent envoyés en Allemagne dans le but de contribuer à l’effort de guerre. Après les juifs et les résistants, ce fut au tour des réfractaires au STO d’être pourchassés par les milices germaniques. Heureusement, grâce au bourgmestre Briamont, de nombreux Stembertois ne furent pas déportés. En effet, avec la collaboration du secrétaire communal, notre maïeur n’hésitait pas à fabriquer de  faux papiers.

Ce fut à partir de 1943 que le grand Reich connut ses premiers véritables revers, notamment en Afrique du Nord et à Stalingrad. Les bombardements alliés sur l’Allemagne allaient s’intensifier, ce qui ne se fit pas sans bavure. Plusieurs villes et villages frontaliers comme les actuels Cantons de l’Est, Malmedy ou Stavelot, connurent une destruction partielle ou totale suite à des largages effectués par « erreur ». Evidemment la majorité de ces bombardements tombaient bien sur les villes allemandes importantes ainsi que sur des sites stratégiques militaires ou industriels. D’ailleurs, des hauteurs de Stembert, on put voir brûler Aix-la-Chapelle dont les gigantesques flammes rougeoyantes illuminaient sinistrement la nuit. Parfois, lorsque la nuit était vraiment très claire, on parvenait également à voir les rougeurs de la ville de Cologne en feu.

Les mois s’écoulaient et la situation ne changeait guère même si elle favorisait un peu plus les forces Alliées, bien que celles-ci, au même titre que les forces de l’Axe, épuisaient irrémédiablement leurs ressources en hommes, en matériel et en alimentation. Les débarquements en Afrique, en Sicile et en Italie de 1943 étaient toutefois de bonnes prédictions pour l’avenir.

Puis vint le temps où l’on annonça un débarquement en France. La population se remit dès lors à espérer de voir enfin la fin de cette pénible guerre. Le 6 juin 1944 arriva. Pour réussir à débarquer sur le continent, les Alliés devaient établir une tête de pont assez large. L’établir et résister pour la maintenir avant d’entamer la reconquête progressive de la France puis de la Belgique. Le 3 septembre 1944, les Libérateurs étaient à Bruxelles. Les Allemands fuyaient vers l’est et il n’était pas rare de les voir longer les maisons des rues stembertoises, telles des bêtes traquées, s’arrêtant à chaque carrefour pour observer les environs avant de continuer leur progression ventre à terre. Le 9 septembre, la bataille faisait rage aux alentours de Verviers. A la jumelle, on pouvait apercevoir les chars américains qui descendaient le Thier de Hodimont à Lambermont.

Un peu plus tard, on vit le drapeau belge monter le long de la première cheminée de l’Intervapeur (la seconde cheminée n’existant pas encore à cette époque*). A midi, deux maisons proches de la caserne explosaient. Les Allemands les avaient fait sauter avec tous les documents qui s’y trouvaient. A treize heures, le premier char américain entrait victorieusement dans Stembert par la rue Calamine. Les cloches des églises de tous les environs se mirent à sonner à toutes volées alors que les Allemands n’étaient pas encore tous partis. Les troupes libératrices entraient dans un Stembert dont toutes les façades et rues se fleurissaient et se garnissaient aux couleurs des Forces Alliées. Des hommes, arborant des brassards et des insignes de la Résistance sortirent au grand jour. Mais le soir venu, il fallut enlever très rapidement toutes les décorations car on annonçait un retour imminent des Allemands.

En fait, les troupes américaines présentes n’étaient que des troupes de reconnaissance et elles ne faisaient pas le poids devant les quelques irréductibles Allemands retranchés à Limbourg et possédant du matériel lourd. De ce village voisin, ils canardaient les Alliés. Plutôt que d’exposer inutilement des hommes, les Américains attendirent patiemment du renfort avant de passer à l’assaut de Limbourg qui fut délivré, non sans peine, le lundi 11 septembre en début de soirée, après quelques heures d’un pénible combat. Les Allemands ne remirent jamais les pieds à Stembert.

Pendant plusieurs mois, Stembert abrita des cantonnements américains. La ligne de tram n°2 fut rétablie et nos vieilles guimbardes, prises d’assaut par ces « grands gosses » turbulents, donnaient parfois lieu à des scènes dignes du western le plus burlesque.

Pendant ce temps, la chasse aux collaborateurs fut ouverte. Les quelques militants nazis furent arrêtés, battus et abattus et quelques femmes tondues. Mais l’euphorie des premiers jours devait s’estomper. La guerre n’était pas encore terminée, loin de là. Tandis que l’hiver rigoureux s’installait, la menace allemande fit à nouveau parler d’elle avec l’offensive Von Rundstedt qui était lancée à quelques kilomètres de chez nous. Certains bruits firent état des atrocités commises par les SS dans les Ardennes. Stembert reprit son allure de guerre et certains habitants partirent pour un nouvel exode. Heureusement ce dernier sursaut vint mourir à nos portes, préservant notre village d’une sanglante réoccupation. Durant cette période noire, un nombre important d’Allemands déguisés en Américains furent arrêtés à Verviers. Sans doute préparaient-ils l’arrivée de l’offensive dans notre région.

Les Américains occupaient les locaux de la caserne. Les militaires blancs étaient logés dans les dortoirs de la caserne tandis que les militaires noirs étaient placés dans les écuries située rue Carl Grün (aujourd'hui rue du 12ème de ligne). Enfin, le 8 mai 1945, les Allemands signaient la capitulation en acceptant la défaite totale de leur nation. Il faudra attendre la fin de l’année 1945 pour que le ravitaillement normal de Stembert soit tout à fait rétabli.

Lambert Damseaux redevint le bourgmestre de Stembert et Joseph Briamont reprit sa place comme conseiller communal.

En 1945, la population se prépara à des élections. A la surprise générale, ce fut Julien Jardon qui devint le premier bourgmestre socialiste de notre village. Homme calme et pondéré, il fut un bon administrateur des biens communaux. Il exerça ses prérogatives maïorales durant deux législatures. Mais son état de santé ne lui permit pas d’aller jusqu’au bout de son second mandat.

Après la fin de la guerre, le retour des prisonniers a suscité beaucoup de ferveur auprès des familles et des proches, heureux de voir rentrer au pays celles et ceux qui avaient grandement soufferts, parfois durant de très longues périodes. Pour cette occasion, en 1945, une messe a été célébrée sur la place du Perron et un moment de recueillement a été organisé devant le monument aux Morts.

Fnc 15 place du perron 1945 retour prisonnier

Fnc 16 place du perron 1945 retour prisonnier

Fnc 17 devant le monument aux morts 1945 retour prisonnier

 

* les deux cheminées de l'Intervapeur ont été démolies en 2005 après l'arrêt des activités sur le site.

 

 

 

 

 

 

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