Leçon d’héraldique pour comprendre le blason de la famille

Le seul véritable vestige de cette famille arrivé jusqu’à nous et en notre possession et, en l’occurrence, notre fond de départ pour de nouvelles recherches : le blason des « de Stembert ». Il est arrivé jusqu’à nous, en noir et blanc, via les archives, sans beaucoup plus de précision à son propos.

Famille-de-Stembert---01-.jpg

Dans son ouvrage sur la famille « de Stembert », Jean le Pas de Sécheval nous indique que « c’est le plus ancien document héraldique descriptible et qu’il concerne la branche cadette de la famille. Il s’agit du sceau de Jean III de Stembert, apposé sur un acte de 1565 ».

Et dans la description complète qu’en fait Monsieur Jean le Pas de Sécheval, tout concorde sauf le cimier qui correspond à la partie du blason située au-dessus du heaume et qui était, à l’époque de Jean III de Stembert, un lion issant (demi-lion sortant d’une ligne de partition, d’un meuble, d’une pièce ou du champ, soit, ici, probablement du heaume, le casque du blason) et non un oiseau comme présenté ci-après :

Blason comparatif jean 3 et actuel

Mais il est de bon ton que chaque héritier d’un blason puisse le marquer de sa propre touche personnelle. Il n’est pas anormal de le voir se transformer avec des ajouts et des modifications, très souvent anodines et ne concernant que les « meubles » (petites pièces ornementales d’un blason) que nous décrivons plus loin dans ce texte.

Grâce à Charles Destembert, nous avons pu coloriser le blason, ce qui n’avait jamais été présenté auparavant, dans ce que nous sommes convaincus être les couleurs d’origine, avec, en ajout aux quatre coins, les armoiries des principales familles issues des « de Stembert ». Un long travail méticuleux et ordonné, nécessitant la prise de quelques connaissances en héraldique, la science qui permet d’étudier les blasons, les armes et les armoiries en général.

Monsieur Destembert est efficacement intervenu pour apporter toute son aide et son soutien salutaire dans cette tâche relativement difficile mais ô combien indispensable pour l’étude du blason et conséquemment la connaissance de la représentation intégrale de celui-ci. Une fois entièrement décrypté, c’est un ami à Monsieur Destembert qui est intervenu pour la partie « informatisée » du travail, à savoir la colorisation du blason.

Blason gif 01

Heureusement, l’héraldique nous donne une grande partie de la clé lorsque l’on sait la déchiffrer avec attention. Soumis à des codes stricts datant du Moyen âge, quelquefois hérités d’époques encore bien plus lointaines, tous les dessins, formes, couleurs, animaux, objets… qui sont employés dans l’écha-faudage des blasons, ont tous une signification identique pour qui les utilisait et il était impératif de respecter des règles bien établies, souvent par région ou par état avec des spécificités bien enracinées, pour la constitution d’armoiries.

Ici débute une partie singulièrement complexe à développer mais néanmoins capitale pour la suite des explications que nous partageons avec vous. D’abord, qu’est-ce qu’un blason et de quoi se compose-t-il ? Nous essayons de répondre à ces questions de manière simple et écourtée aux termes qui nous seront nécessaires à la bonne compréhension de la décomposition du blason de la famille « de Stembert » :

Blason general

Si nous analysons le blason plus en profondeur, il devient assez rapidement explicatif malgré la complexité, à première vue, à l’interpréter. Sur le blason de la famille « de Stembert » figurent deux éléments relativement plus importants que les autres et qui nous aiguillent dans notre prospection. Bien entendu, tous les éléments apportent des renseignements sur la lignée stembertoise. Détaillons tous ces objets avec minutie en les développant point par point.

Le cimier est l’ornementation surmontant le heaume (casque du chevalier) servant à l’embellir, tant sur les blasons que dans la réalité. En effet, le rôle premier du cimier était militaire et servait à augmenter la taille de la silhouette de son porteur afin de mieux impressionner l’ennemi. Dès le Moyen Age, c’est un ornement de parade lors des tournois. Dans le blason des « de Stembert », il s’agit d’un oiseau qui trône sur le casque. Celui-ci est présenté comme un corbeau par Monsieur Jean le Pas de Sécheval et il n’est pas permit d’en savoir plus sur sa fonction ou sur son origine. Même si auparavant, il fut un lion issant et que la forme et l’ornementation choisie a peut-être évolué de diverses manières au fil du temps.

Blason cimiers

Les lambrequins représentent la stylisation du volet : il s’agit d’une pièce d’étoffe coiffant le sommet du heaume, descendant jusqu’à la nuque et qui, par son état délabré, témoignait de la vaillance combative. L’origine de cet ornement est très ancienne et provient du chaperon que les chevaliers posaient ordinairement sur leur casque, tant pour empêcher que l’ardeur du soleil n’échauffât l’acier que pour préserver celui-ci de la rouille produite par l’humidité. Tantôt c’était un « mantelet » qui, fixé au sommet du casque, l’enveloppait entièrement et couvrait aussi les épaules ; tantôt c’était un simple « volet » ou « vêtement de tête » qu’on laissait voltiger au gré du vent et qui devenait ainsi un ornement des plus gracieux. Celui de notre blason stembertois montre une belle grande coiffe. Nous déduisons que ce n’était sans doute pas une famille de guerriers ; probablement étaient-ils capable de manier les armes en cas de nécessité mais leur statut hiérarchique leur donnait plus l’accès à des postes à responsabilités civiles et religieuses qu’à la possession de troupes pour mener des batailles ou des guerres.

Blason lambrequins

Le heaume (casque), lui, pièce maitresse d’un blason, évoque le rang de noblesse de la famille concernée.

Blason heaume 01

Celui du noble de trois lignes comme reprit sur le blason des « de Stembert », de profil, d’acier poli, taré, ouvert ou demi-ouvert (selon son style), est nommé le GENTILHOMME DE TROIS RACES, paternelles et maternelles, à trois grilles. Sur l’échelle hiérarchique de l’aristocratie, il se situe en septième position sur neuf (le premier étant bien entendu celui des souverains – rois et empereurs – pouvant être aussi agrémenté d’une couronne), soit vraiment au bas de l’échelle patricienne. Ce qui permet de penser qu’ils avaient une certaine influence dans la région et qu’ils « régnaient » sur des terres avec une population restreinte à laquelle ils apportaient leur contribution, n’étant pas des Seigneurs face à leurs serfs mais plutôt des « mécènes », notamment envers la chapelle puis de l’église de Stembert.

L’étoile à six branches, elle, peut vouloir signifier deux choses : soit l’origine juive de la famille (étoile de David), soit qu’il s’agissait d’une famille de brasseur (l’étoile des brasseurs est attestée dès 1397 et n’est plus utilisée dès le XVIIIème siècle). L’un n’empêchant pas l’autre et connaissant l’histoire remarquable de la bière dans notre pays, il est fort probable que ces nobles d’origine israélite possédaient une brasserie. Nous savons aussi que la branche dite des « Nockin », descendants issus des « de Stembert », a conservé l’étoile sur son blason et que certains des membres exerçaient le métier de brasseur à Verviers. Une inscription ou un sigle se trouve à l’intérieur mais il est impossible d’en connaître davantage sur ce point.

Blason etoile

L’écu est le support physique central du blason, divisé en neuf zones nommées point de l’écu. Dans le cas du blason de la famille stembertoise, il est composé de quatre parties, classées deux par deux en diagonales :

Blason ecu

Les deux lions sont le symbole du courage, de la force, de la bravoure, de la sagesse, de la souveraineté. Ils se trouvent sur un fond argent (couleur blanche) qui représente la richesse et la sagesse. Les deux autres cases sont composées chacune de trois losanges et d’une merlette mise en abîme (ce qui qualifie une petite pièce ou un petit meuble lorsqu’il est en position centrale de l’écu et qu’il ne touche ni ne charge aucun autre) sur fond d’or (couleur jaune), ce qui représente la noblesse, l’intelligence et la vertu.

Blason losanges et merlettes

Les losanges étaient utilisés comme « pièces », terme employé pour décrire tous ces objets géométriques qui prenaient place sur les blasons, contrairement aux « meubles » qui, eux, sont les animaux, végétaux, objets et quelques formes géométriques abstraites. Preuve de la rigidité de la règlementation, les meubles ne peuvent être utilisés que, par convention : Un seul : au centre ; Deux : l’un sur l’autre (exception faite des lances, épées, ...) ; Trois : deux en chef, un en pointe ; Quatre : aux quatre cantons ; Cinq : en sautoir ; Six : trois, deux et un ; Sept : trois, trois et un … Il pouvait y avoir entre une et seize losanges sur le blason (oui, seule sur le blason, cela se nomme, dans le vocabulaire héraldique, « la losange », au féminin). Au-delà de seize meubles sur un blason, on considère que l’écu en est semé.

La merlette, quant à elle, est l’oiseau sans bec ni pattes situé au centre des trois losanges. Elle représente les ennemis vaincus et défaits. Si elles sont de gueules (rouge) : elles représentent l’ennemi tué sur le champ de bataille ; si elles sont de sable (gris foncé semblant noir) : elles représentent l’ennemi dans la captivité. Dans notre cas, elles sont bleues foncées et aucune précision n’est donnée pour cette couleur. Selon d’autres sources, elles peuvent aussi désigner les croisades : leur bec et leurs pattes coupées marquent les blessures qu’on y a reçues. Ou encore que l’usage de représenter les merlettes sans bec ni membres est venu des anciens hérauts qui se servaient de petites pièces d’émail carrées et ne s’arrêtaient point à en marquer les extrémités pour des facilités de conception.

La devise, quant à elle, est très simple puisqu’il s’agit, dans notre blason, du patronyme de la famille.

Blason devise

Les couleurs ont également toute leur importance ! Le rouge utilisé en fond du blason est appelé « gueule » en langage héraldique et représente le désir de servir sa patrie et l’amour.

Le décryptage du blason nous offre un point de vue fascinant sur qui étaient les « de Stembert ». Il donne une description savamment codifiée de la famille et, par là-même, il nous suggère un tour d’horizon de leur histoire. Un « jeu de piste » qui, une fois résolu, nous aide à comprendre un peu leur vie passée, à nous immiscer subrepticement dans leur existence révolue. Cimier et lambrequins ornementaux, entourant un heaume évoquant leur rang de noblesse et surmontant l’écu qui évoque richesse, sagesse, puissance et argent, y mêlant en fond l’amour du terroir, de « leur » patrie, et la protection de ce patrimoine acquis. Et pourtant, en consultant le livre de Jean le Pas de Sécheval, nous y découvrons avec intérêt de nombreuses indications à propos du blason des « de Stembert » mais également des autres familles issues de cette branche principale.

 

 

 

 

 

 

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