La première guerre mondiale

Tout allait bien, presque dans le meilleur des mondes, lorsque la première guerre mondiale éclata, brisant la quiétude des Stembertois dont certains ne revinrent jamais.

 

La première guerre mondiale : 1914 – 1918

Arriva l’été 1914 avec une vigoureuse montée de la tension internationale. Le bruit des armes menaçait certains coins de l’Europe. Dans notre région, on pensait que les grandes puissances régleraient cela entre elles, comme en 1870. Mais le 31 juillet 1914 fut sonnée la mobilisation générale qui entraînait le rappel de tous les miliciens de la commune qui rejoignirent dès lors leurs régiments respectifs. Et rapidement, le bruit cadencé des cavaliers en marche se fit entendre dans le haut du village. Venant de Hèvremont sur leurs chevaux noirs, la lance aux flammes noires et blanches au poing, les soldats gris, surnommés les Boches, investirent Stembert, un des premiers villages « ennemis » étant donné qu’à cette époque, les actuels « Cantons de l’Est » étaient allemands.

Ce fut au début du mois d’août qu’une première vague de troupes passa sur la grand-route des Surdents à Verviers. Il faudra ensuite attendre les 5 et 6 août avant de voir se succéder sur nos voies l’infanterie et l’artillerie avant le passage, le 15 août, d’un grand convoi important de 30.000 hommes venus du camp d’Elsenborn.

A Stembert, ni l’autorité civile ni l’autorité religieuse n’eurent à souffrir réellement des mesures vexatoires imposées par l’occupant qui se bornait à réclamer la reddition de toutes les armes de tous calibres que les habitants possédaient. Et en comparaison avec ce qui se passa à Dolhain, Herve et surtout Battice, Stembert fut, durant cette période de l’invasion, certainement privilégié, ce qui ne veut pas dire qu’aucune déprédation ne fut commise, loin de là.

Dès le 15 octobre 1914, le collège échevinal de Stembert émit des billets de nécessité pour venir en aide à la population qui commençait peu à peu à souffrir des mesures infligées par les Allemands. Et plus le temps passait, plus les Stembertois connurent leurs lots de vexations : réquisition du bétail le 25 août 1915 ; déclaration des pommes de terre le 26 septembre 1916 ; obligation pour tous les sans-travail de se faire connaître le 19 octobre 1916 ; déclaration des matelas et des coussins les 23 mai et 7 juillet 1917.

En octobre 1915, toutes les cartes d’identité furent remplacées. Cette technique permit à l’occupant d’obtenir tous les renseignements sur les hommes soumis au contrôle. Et à partir de novembre 1915, tous les hommes valides de 15 à 40 ans devaient se présenter chaque mois au bureau du manège, un bâtiment situé à l’époque dans l’actuelle rue du Manège à Verviers.

Tous les possesseurs de chevaux furent également réquisitionnés pour aider au transport des arbres abattus dans l’Hertogenwald.

Le 30 janvier 1917, une soixantaine de chômeurs stembertois furent obligé de se présenter à un contrôle à la gare d’où ils furent expédiés en Allemagne. Chacun d’eux put rejoindre son foyer entre avril et septembre de la même année.

Au cours des années 1917-1918, la pénurie des denrées alimentaires se fit âprement sentir. Et cette situation profita aux commerçants du marché noir qui se répandait à Stembert comme un peu partout ailleurs dans le pays.

Il n’était pas rare, principalement la nuit, de rencontrer des caravanes d’hommes, de femmes et même parfois d’enfants, qui transportaient les divers produits de leur juteux trafic. Par prudence, ils opéraient uniquement la nuit et fréquemment sous la protection des Allemands dont ils étaient parfois escortés. Ces personnes étaient bien souvent armées, afin de parer aux diverses attaques qui pouvaient se produire, notamment aux carrefours et dans les rues les plus sombres, et qui les opposaient à quelques groupes de citoyens totalement hostiles à ces méthodes.

Contrairement à cela, de nombreux habitants de Stembert ont, au cours de l’occupation, fait preuve de patriotisme en accueillant et en hébergeant chez eux des prisonniers, principalement des Russes blancs (ressortissants soviétiques opposés au communisme) et des Français qui s’étaient évadés des camps d’internements en Allemagne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le bourgmestre Lambert Damseaux fut d’ailleurs arrêté et emprisonné pour des faits de ce genre, le 26 octobre 1917. Il fut libéré le 25 janvier 1918 en soirée pour être à nouveau appréhendé le lendemain. Il fut condamné à la déportation et fut envoyé tout d’abord à Halle le 13 mars puis à Berlin et à Hevelberg avant de revenir à Diest au mois de mai où il resta en captivité jusqu’au 28 octobre, date de sa libération.

Monsieur Armand Depaye, en accord avec quelques autres hommes, mit sur pied une organisation qui apportait secours et aide aux prisonniers évadés, notamment en leur trouvant un logis auprès des villageois et en recrutant des personnes qui acceptaient de franchir la frontière pour passer avec eux aux Pays-Bas. Le 15 août 1917, Monsieur Depaye fut arrêté et une bonne partie du réseau fut démantelée.

Le mardi 12 novembre, l’annonce de la signature de l’Armistice, paraphée la veille par les différentes parties engagées dans le conflit, se répandait dans le village et marquait la fin du cauchemar de cette abominable guerre. Les Stembertois pouvaient conséquemment sortir de leur maison afin de garnir les rues et faire la fête. Les habitants assistèrent ensuite à un repli tout à fait désorganisé des troupes allemandes présentes dans la région.

Dès le 15 novembre, l’encombrement de la route reliant Verviers à Dolhain était telle que les troupes durent passer par Stembert et Mangombroux. Cependant, la guerre n’était pas encore entièrement terminée et le 19 novembre, l’administration communale invitait les habitants à enlever leurs drapeaux et tous les autres signes de festivités car les troupes allemandes, revenant du front et étant restées fidèles au Kaiser Guillaume, allaient passer. Du 19 au 21 novembre, le long défilé changea d’allure, et à la débandade des premiers jours succédèrent les troupes bien ordonnées et disciplinées.

Le lundi 25 novembre, tous les envahisseurs avaient quitté la région. Les drapeaux pouvaient ressortir définitivement et la liberté retrouvée des citoyens pouvait être célébrée en toute quiétude. A ce moment, les premiers soldats belges, bénéficiant d’une permission de quelques heures, pouvaient revenir au village pour saluer leurs familles.

Le premier soldat stembertois à revenir au village fut Monsieur Pierre Hansenne. Il revint de Liège à Verviers dans une carriole tirée par un cheval. Le propriétaire de l’animal était livreur dans un château à Petit-Rechain et la bête, prise par l’habitude, refusa d’aller plus loin que le château. Ce fut alors notre brave soldat qui prit les rennes de la charrette et ce fut sous ses ordres que le cheval accepta de faire la route jusqu’à Verviers.

La guerre était finie et pendant de long mois, de nombreux soldats, belges ou des forces alliées, furent accueillis dans le village. Le moment de « panser ses plaies » était venu, car si Stembert avait eu ses « Braves » soldats, il eut également ses martyrs, morts pour la patrie, qui furent au nombre de vingt.

Dans le nombre des soldats étrangers passés par notre village, voici deux photos. La première date de 1918 et représente un groupe de soldats canadiens avec leur équipage qui stationnait devant une maison de la rue de l’Eglise. Cela attirait le voisinage sur le pas de leur porte pour observer ce spectacle plutôt insolite. La photo fut prise par Monsieur Maurice Closset (1883 – 1963).

Soldats canadiens 02

La seconde photo montre un fier militaire néo-zélandais qui s’appelait Mathiew Smith et qui habitait Nuhaka H.B. en Nouvelle-Zélande (dans Hawke’s Bay, une région à proximité de Napier, dans le sud-est de l’île nord). Les militaires néo-zélandais avaient bivouaqué quelques jours dans notre village de Stembert avant de partir pour l’Allemagne à la fin de la première guerre mondiale. C’est après les fêtes de Noël de 1918 que ce soldat quitta Stembert.

Soldat neozealandais 1918 01

Une troisième photo ayant disparu montrait, elle, trois soldats néo-zélandais prenant la pose devant les escaliers du numéro 20 de la rue de l’Eglise.

Par ailleurs, il existe à Karori, un quartier de la ville de Wellington, la capitale néo-zélandaise, une rue dénommée « Verviers Street ». Et cela en l’honneur du passage des troupes durant la fin de la première guerre mondiale, la ville étant située sur l’axe Liège –Cologne, mais également en hommage au long passé lainier. Dans un livre intitulé « The Streets of my city, Wellington New Zealand, by F. L. Irvine-Smith. (1948) », on trouve deux passages intéressants : « A small group of Karori streets - Birdwood Street, Chaytor Street, Flers Street, Verviers Street, Scapa Terrace, Lemnos Avenue and Messines Road - commemorate incidents or personages in the Great War (1914 – 1918)  »(en français : quelques rues de Karori - Birdwood Street, Chaytor Street, Flers Street, Verviers Street, Scapa Terrace, Lemnos Avenue and Messines Road – commémorent des faits ou des personnages de la Grande Guerre (1914 – 1918)). Ainsi que «  (…) and Verviers Street, after a town in Belgium, on the line from Liege to Cologne, not far from the German frontier, where the troops gathered at the close of the Great War in order to march to the Rhine into the conquered territory. In piping times of peace the name of Verviers conjures up large woollen mills » (en français : et Verviers Street, rappelle une ville de Belgique sur la ligne Liège – Cologne, à proximité de la frontière allemande, où les troupes se sont rassemblées à la fin de la Grande Guerre avant de se diriger vers le Rhin dans le territoire conquis. En temps de paix, Verviers évoque l’industrie lainière).

Durant cette guerre, un petit aérodrome avait été construit et installé dans une prairie près du bois de la Louveterie. Fondé par les Allemands comme « base aérienne » locale, il fut également utilisé par les Anglais après le départ de nos envahisseurs. A noter pour l'anecdote que les Britanniques, peu brillants dans leurs atterrissages, ont démoli une assez importante quantité d’appareils sur cette piste plus ou moins improvisée.

 

 

 

 

 

 

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